Le Télégramme
6 août 2013

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Jacques Bertin. Je suis un « chantauteur »



Jacques Bertin sera en récital le 14 août à Loctudy. Il y présentera notamment son tout nouvel album, L'état des routes.
Ce grand nom de la chanson viendra surtout défendre cet art majeur.

Votre dernier album s'intitule “ L'état des routes” et nous offre, l'air de rien, un voyage où tout est en retenue sur vous-même. Pourquoi ce besoin de se mettre à nu ?

Se mettre à nu, non, il reste toujours quelques voiles. Par ailleurs, c'est toujours un peu ça, que ce soit la poésie ou la chanson d'auteur... Enlever de l'écorce, mais je n'en fais pas une profession de foi.


Vous êtes né et avez vécu en Bretagne (Rennes) mais en parcourant votre œuvre on se rend compte qu'y coule la Loire. Pourquoi cet attachement ?

Mon père est Gallo, ma mère est une Vendéenne. La Loire, c'est plutôt dans la dernière période, c’est vrai que je parle plus souvent de la Loire et de Chalonnes-sur-Loire. J'en parle plus que Rennes mais il y a des allusions à la vie rennaise. Mes parents se sont connus à Chalonnes. À la Libération, ils se sont rendus à Rennes. Aux vacances. on allait à Chalonnes, j'y ai passé pas mal de temps jusqu'à m'y établir vers 2003.

Lorsqu'on parle de vous, deux mots sonnent comme une évidence: poète et engagé. “On se croit un peu poète” chantiez-uous d'ailleurs à vos débuts. Alors Jacques Bertin poète plus que chanteur ou poète chanteur ?

J'écris de la poésie et j'ai publié plusieurs recueils. Je fais de la chanson poétique ou chanson d'auteur, voire de la chanson à texte mais je ne vois pas bien comment en peut faire une chanson sans fond... Je suis un “chantauteur”. Quant à être engagé, ce n'est pas dans mon titre. La vie arrive dans ma plume avec, parfois, un sujet social.

Leprest avec qui vous avez écrit «Aux funérailles au funambule» nous a quittés. Avez-vous le sentiment parfois d'être le dernier des dinosaures ?

Il écrivait terriblement bien non? On croit toujours que c’est fini, j'étais à Barjac au festival Chansons de paroles. c‘est bourré d’auteurs, de gens qui font cela et qui font en sorte que cela continue. La chanson, c’est un concentré de sérieux et de dignité, pas du racolage. Elle ne se confond pas avec la musique actuelle.

Quel regard portez-vous sur la chanson actuelle ? N'est-elle pas quelque part un parent pauvre ?

C'est évident Les difficultés du théâtre, de la peinture et de la musique classique justifient les aides et, à l'inverse, les difficultés de la chanson justifient l'absence d'aide. Jamais au ministère de la Culture on n'a eu de politique sur la chanson française. Les institutions culturelles se désintéressent de cette question-là.

Vous venez jouer à Loctudy, c'est votre seule date en ce mois d'août. Vous êtes un chanteur discret. N'est-ce pas aussi le système. voire le star-system, qui marginalise ?

Bien sûr. .. Mais heureusement, il existe de plus en plus de soirées privées, chez des gens, cela se développe... Cela a commencé avec le Chant’Appart en Vendée. Comme le commerce ne s'intéresse pas à nous, de petites associations locales, des privés nous font confiance. Ça montre l'inadaptation du système traditionnel.


Aujourd'hui. votre plaisir de chanter est-il toujours intact ?

Le plaisir est toujours intact oui. Les déplacements, la route, ce n'est pas gai. C'est un plaisir difficile.


Propos recueillis par Stéphane Guihéneuf