La gabare
(esquisse d'un scénario)
- droits protégés -
Avertissement au lecteurParmi diverses écritures dans divers genres, je me suis, quelques jours d'automne de l'an passé, permis ce texte. Pour le plaisir du partage, je le mets aujourd'hui à disposition de qui voudra (les droits sont protégés, tout de même), dans l'attente qu'un John Ford français s'en empare.
On constatera que je ne me suis pas donné la peine de remplir tous les blancs. Par paresse. Et aussi pour que chacun soit libre de rêver.
Si on sait lire, outre la célébration d'un paysage et de valeurs auxquelles je crois, on trouvera, dans ce texte, à nouveau - sous une autre forme, certes - le lyrisme… J.B. (septembre 2003)
La Loire, la Loire des plages de sable, des immensités, des bras innombrables, la Loire est un personnage de cinéma ; jamais utilisé, toujours disponible...
L'été 93, pendant la première guerre de Vendée. Une gabare descend la
Loire en aval des Ponts-de-Cé. A son bord, comme dans un huis-clos, neuf
personnes qui ont des raisons différentes d'être là. Certains sont des
royalistes, certains sont des républicains. Il y a d'abord le marinier -
la cinquantaine, assez buveur - et son apprenti (son neveu) de douze ans.
Un capitaine de l'armée, un homme mûr, déjà fatigué. Il a une jambe cassée
et doit rejoindre Nantes. Une actrice de théâtre, ayant fui Paris. Un
couple : l'homme, âgé, se présente comme un bourgeois ; son épouse très
jeune est enceinte ; ils disent rentrer chez eux, à Chalonnes. On saura
plus tard qu'il est un prélat en fuite cherchant à gagner la Vendée avec
sa nièce dont le vrai mari vient d'être guillotiné à Paris. Il y a un
oiseleur, allant livrer une cage d'oiseaux rares dans un château. Plus
tard, un jeune cavalier les rejoindra : poursuivi par la troupe, est-il un
Chouan ? un Girondin ? un agent anglais ? Enfin, ils recueilleront un curé
jureur jeté à l'eau par des villageois.
La lenteur de la Loire. Et la menace sur les rives : au nord, vers le pays de Galerne, les Bleus, l'armée de la République ; au sud, vers la Vendée, l'armée Catholique et Royale. La guerre civile est partout, depuis que la Vendée s'est embrasée, en mars. Les hameaux, les fermes brûlent. Des coups de feu sont plusieurs fois tirés des rives. Chalonnes est déserte et livrée aux combats de rue. Des formes de respect et de solidarité se créeront sur la gabare descendant au rythme lent de l'eau. L'oiseleur livre ses oiseaux chez un châtelain fou. On est poursuivi, menacé, mêlé à des combats contre des ombres. Les deux prêtres sont tués. Un enfant naît dans la gabare échouée. Le marinier sauvera tout son monde en sortant de leur cachette des fusils de contrebande qui permettront de repousser la dernière attaque. Il mourra.
Jacques Bertin
o Télécharger le scénario (format PDF, 32 pages)