13 avril 2010

 

La discrétion sans concession de Jacques Bertin

Utopia et Onyx accueillent le discret et passionnant artisan poète

 

Combien sont-ils, ces chanteurs trop peu connus mais qui ridiculiseraient en quelques strophes, si elles étaient diffusées, les bramants creux qui occupent les ondes et les scènes ? Reste pour ceux qui composent le fidèle auditoire de Jacques Bertin, le plaisir de la confidentialité complice, et pour l'intéressé la fierté légitime de celui qui a traversé quatre décennies artistiques sans se renier, faisant "œuvre".


Les mots et musiques de Bertin ne sont jamais tombés dans la caricature d'une chanson "rive gauche" singeant mal Ferré, Brel ou Brassens. Le natif de Rennes voilà 64 ans a toujours su tracer son chemin, entre pertinence et échappées belles. En marge des trois statues du commandeur, Bertin serait plutôt dans le droit fil du Québécois Félix Leclerc.



" Le Chant d'un homme "

L'homme a toujours conjugué journalisme et chanson. Longtemps responsable des pages culturelles de l'hebdomadaire "Politis", il a sorti son premier album en 1967. Une vingtaine suivront jusqu'au dernier en date, sorti ce mois-ci : "Comme un pays".


"Au-delà de son pur travail d'auteur, […] Bertin est un interprète d'un lyrisme exceptionnel, doté d'une voix chaude et fraternelle, portant le chant comme une respiration vitale", résumait Marc Robine en 2002, dans la revue "Chorus" qui lui avait consacré un dossier exhaustif.


Guy Suire et l'Onyx sont également des compagnons de longue date. Pour deux soirs à nouveau, ils l'accueillent pour des concerts qu'on pressent logiquement intimes, dignes et intenses. Mais dès demain, Bertin est à l'affiche de l'Utopia qui lui consacre, avec l'Onyx et l'association Bordeaux Chanson, une soirée autour du documentaire "Le Chant d'un homme". Une heure où Philippe Lignières et Hélène Morsly ont cerné la personnalité et le parcours de cet "honnête homme", artisan d'une poésie chantée, pas toujours facile à pénétrer, toujours exaltante une fois qu'on est entré dans son univers. Avant d'être morts, les "grands" ont été vivants.

 

 

 

Projection rencontre demain à l'Utopia (20 h 30). Jeudi et vendredi (20 h 33) à l'Onyx, 11-13 rue Philippart à Bordeaux. 17 . 05 56 44 26 12
 

Yannick Delneste

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