La discrétion sans concession de Jacques
Bertin
Utopia et Onyx accueillent le discret et passionnant artisan poète

Combien sont-ils, ces chanteurs trop peu connus mais qui ridiculiseraient
en quelques strophes, si elles étaient diffusées, les bramants
creux qui occupent les ondes et les scènes ? Reste pour ceux
qui composent le fidèle auditoire de Jacques Bertin, le plaisir
de la confidentialité complice, et pour l'intéressé
la fierté légitime de celui qui a traversé quatre
décennies artistiques sans se renier, faisant "œuvre".
Les mots et musiques de Bertin ne sont jamais tombés dans la caricature
d'une chanson "rive gauche" singeant mal Ferré, Brel
ou Brassens. Le natif de Rennes voilà 64 ans a toujours su tracer
son chemin, entre pertinence et échappées belles. En marge
des trois statues du commandeur, Bertin serait plutôt dans le droit
fil du Québécois Félix Leclerc.
" Le Chant d'un homme "
L'homme a toujours conjugué journalisme et chanson. Longtemps
responsable des pages culturelles de l'hebdomadaire "Politis",
il a sorti son premier album en 1967. Une vingtaine suivront jusqu'au
dernier en date, sorti ce mois-ci : "Comme un pays".
"Au-delà de son pur travail d'auteur, […] Bertin est un
interprète d'un lyrisme exceptionnel, doté d'une voix chaude
et fraternelle, portant le chant comme une respiration vitale",
résumait Marc Robine en 2002, dans la revue "Chorus"
qui lui avait consacré un dossier exhaustif.
Guy Suire et l'Onyx sont également des compagnons de longue date.
Pour deux soirs à nouveau, ils l'accueillent pour des concerts
qu'on pressent logiquement intimes, dignes et intenses. Mais dès
demain, Bertin est à l'affiche de l'Utopia qui lui consacre, avec
l'Onyx et l'association Bordeaux Chanson, une soirée autour du
documentaire "Le Chant d'un homme". Une heure où
Philippe Lignières et Hélène Morsly ont cerné
la personnalité et le parcours de cet "honnête homme",
artisan d'une poésie chantée, pas toujours facile à
pénétrer, toujours exaltante une fois qu'on est entré
dans son univers. Avant d'être morts, les "grands" ont
été vivants.
Projection rencontre demain à l'Utopia (20
h 30). Jeudi et vendredi (20 h 33) à l'Onyx, 11-13 rue Philippart
à Bordeaux. 17 . 05 56 44 26 12
Yannick Delneste
http://www.sudouest.fr/2010/04/13/la-discretion-sans-concession-de-jacques-bertin-64315-4626.php
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