| Le
dernier des grands
Jacques Bertin a beau être reconnu comme "un grand entre les grands" de la chanson française, l'homme reste frugal et l'artiste, modeste. Après une vingtaine d'albums et des dizaines d'années de métier, l'auteur-compositeur-interprète n'aspire plus qu'à se "promener de ville en ville, comme ça, un peu en dilettante, avec la certitude qu'à chaque escale, 100 ou 200 personnes me feront cadeau de leur écoute attentive, de leur meilleur silence". C'est
sans l'ombre d'un doute ce qu'il obtiendra, vendredi, samedi et dimanche, les
12, 13 et 14 décembre, aux Oiseaux de passage, comme ce fut le cas à
chacune de ses visites à Québec, depuis longtemps. Celui qui se dit "sans inquiétude" de ce côté, depuis une quinzaine d'années, a payé pour sa tranquillité d'esprit, en refusant d'entrer dans le système de ce que l'on nomme improprement l'industrie culturelle. "La distance entre moi et le "métier" est de plus en plus grande. L'industrie, je m'en fous, sinon je serais en crise d'épilepsie depuis 30 ans ! Je ne cherche pas, comme certains, à briser des records de vente ou d'assistance. Je produis mes spectacles et mes disques, et je m'en porte fort bien. D'ailleurs, je recommande toujours aux jeunes artistes de se rendre autonomes." Jacques Bertin est tellement hors
du système que devant le phénomène du piratage de disques
par Internet, il déclare sans hésiter : "Ça ne
me dérange pas du tout que l'on copie mes disques ! Tout cela me fait
marrer, puisque cette pratique va tuer le big business avec ses propres armes.
N'est-ce pas l'industrie qui vend ces machins sophistiqués qui permettent
de tout recopier ?" "Je
chante, je chante, je chante, arme de fous, armes de saints"(A la merveille).
Jacques Bertin, lui, ne chante pas pour faire du fric. Pour lui, composer ou interpréter
une chanson est un geste naturel. "Je dis souvent aux gens : vous devriez
chanter plus, ça aide à l'harmonie du corps. Chanter est sain et
utile à l'être humain. Pour ce qui est de l'inspiration, je ne cours
jamais après. S'il fallait chercher les idées, je n'aurais jamais
fait ce métier. Chanter est pour moi une chose normale. D'ailleurs, je
n'ai jamais cherché à avoir mon style à moi…" Régis Tremblay |