Aix-en-Provence
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ON
A VU À THÉÂTRE ET CHANSONS C'est ce qu'on appelle un passeur. Depuis qu'il chante inlassablement la fraternité entre les hommes, Jacques Bertin propose en messager de la paix des concerts sobres, profonds, vrais... Avec des chansons intemporelles il se range du côté de ceux qui souffrent, qui aiment, qui résistent et qui disent non. Bénéficiant d'un son parfait et de lumières savamment arrangées, durant deux jours dans une salle de "Théâtre et chansons" pleine à craquer, il nous a promenés dans son univers poétique rempli d'images luxuriantes. "Je suis d 'un chant comme d'un pays" a expliqué l'artiste qui a ouvert son spectacle sur Retour à Chalonnes, référence au village de Loire où il vit. Puis il a déroulé une longue histoire de révolte et de passion, qui est aussi une photographie d'une certaine idée de la France. Du givre sur Nantes ou du train qui vient de Combourg, patrie de Chateaubriand, une France de givre et de gelée blanche... Celle des berges tristes et des manteaux de laine, de la Loire et des petits ruisseaux, du cours des saisons, des marronniers, des peupliers et des biefs. Aussi la France du poing levé, des gens de l'ombre, et des luttes éternelles contre le profit et le malheur. Qu'il évoque les Curés rouges, qu'il rende hommage à
Léo Ferré ou à ses amis Claude Semal, Philippe Jaccottet
ou Nazim Hikmet, tous grands prosateurs, Bertin a montré son amour
pour la littérature et les mots qui sonnent vrai. Accompagné
au piano par Laurent Desmurs, (qui présentait aussi son album avec
Éric Bouvelle à l'accordéon). Heureux et très
en phase avec son public, il a montré, avec modestie et parfois
beaucoup d'humour, que les grands textes ne meurent jamais. On est sorti
avec le sentiment qu'il appartient à la famille des grands chanteurs
français qui ont inscrit leur œuvre dans le patrimoine artistique
français.
Jean-Rémi BARLAND
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