Télérama
1975

JACQUES BERTIN

A Besançon

Vous ne le saviez peut-être pas, mais les mots chantent. Si, si. Même lorsqu'ils sont couchés sur le papier dans le monde ordonné de la typographie. Alors, quand ils naissent avec une voix, à plus forte raison…

Chez Jacques Bertin, les mots chantent et tout un orchestre symphonique n'y pourrait rien changer. Bertin fait chanter les mots comme d'autres font chanter la pierre, l'acier, le cuir. Bertin -c'est lui qui le dit- est un peu poète comme on est cordonnier. J'écris poète: n'allez pas croire que… Non, écoutez plutôt… Juste ce qu'il faut de syntaxe pour porter la petite musique des mots qui nous exprime. On ne la retient pas du premier coup. Elle nous revient après mille détours. Et elle s'installe. Et nous envahit.

On vit très bien avec… Peut-être même ne pourrez-vous plus vivre sans.

Jacques Bertin, vingt-huit ans, dont voici le cinquième disque, vit, chante, milite et fait tout un tas de choses qu'il serait fastidieux d'énumérer ici, mais qu'il est sûrement indispensable de faire avant d'écrire des chansons.

Des chansons, où il parle pour nous, avec nous. Du temps, des femmes, des mots et de la difficulté d'être un homme. Libre, égal, fraternel…

Il faut souhaiter qu'un vaste public entende bientôt sa voix. Si cela n'était, nous n'aurions plus, vous et moi, qu'à nous taire.

Jacques Bertrand