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Les grands départs
Le temps n'a pas passé comme un charme. Deux ans déjà que Jacques a chanté parmi nous. Deux ans déjà, deux ans de plus. Deux compacts supplémentaires : "Le poids des roses", le plus accompli à ce jour, une compilation "Fête étrange" de 25 chansons de 1970 à 1984, et un livre contenant l'intégrale de ses textes, voilà pour l'itinéraire de l'artisan des mots. L'homme, lui, chemine, vaille que vaille, dans la précarité des choses de la vie, et il n'a pas de trop de l'écharpe nouée des amitiés pour passer l'hiver. Deux ans déjà et pourtant, ce soir, en paraphrasant Milosz :
Nous nous rencontrerons comme jadis, pour entendre Jacques et son chant profond, profond. L'amour qui fait ce qu'il peut, le vide rongeant l'être, les feux et les flammes mal entretenus mais aussi l'aube et l'homme : voici quelques-uns des thèmes des chansons. En fait, la simple révélation du fait que "le tragique de la vie n'est pas que l'on meurt, mais que l'on meurt volé" (Deltheil). Jacques chante depuis 25 ans, et son chant est essentiel, jamais triste, car la tristesse est inhabitable. Il chante à hauteur d'homme, à hauteur d'enfance. Pour nous, fraternellement. Il sait la gravité des mots, les tressaillements
des choses. A propos, maintenant que les grands musiciens nous ont quittés, que le vieux lion Ferré s'efface, y a t-il un chanteur plus important que Bertin, je veux dire un chanteur que l'on écoute et réécoute sans la moindre usure des textes et de la musique ? Voilà, ce soir, Jacques sera "du bon côté
de l'espérance" et à ceux qui ignorent encore cet
immense poète-chanteur, il est urgent, essentiel que la rencontre
ait lieu. Il en va de l'honneur de la poésie.
Gil Pressnitzer |