Vendredi 29 janvier 2006 Ivry, Forum Léo Ferré
|
De Martine Perrin, janvier 2006 Bertin en fond sonore et dans la mémoire ce concert d'apothéose (Ivry, Forum Léo Ferré, vendredi 29 janvier) où je le vois dans sa pleine puissance malgré le vieillissement - seuls la voix et le cœur ne vieillissent pas, me suis-je dit en l'entendant-, droit, assis, dans son costume gris très chic "comme un huissier portant bien haut le candélabre" - comme un scarabée fixé sur sa planche-, infiniment vulnérable et émouvant avec ses mains comme des mouettes qui soulignent chaque état d'âme. Sa poésie est si puissante, et pour une fois il ne s'agit pas de nostalgie d'un âge perdu mais du recueillement d'une vie pleine, avec ses inachèvements, avec ses échecs et cette inaltérable présence du "chant des hommes" comme un fil rouge qui structure son répertoire. ertin si vulnérable mais en qui tant de monde de notre génération se retrouve. Tant de gâchis, d'illusions perdues (et jamais retrouvées) et en même temps de cette voix d'éveilleur, de témoin, jamais lasse, et son ampleur peut atteindre l'autre bout de la Terre dans les résistances de tous ordres… comme dirait Glissant : "dans le fracas du monde un des veilleurs les plus aigus et les plus lucides…". Martine Perrin |