Mars 1999

Nantes

 

 

De Michèle Bastard, mars 1999

La salle est déjà bien pleine, les gens sont installés au milieu, dès le premier rang.
Pourtant ce n'est pas un homme de spectacle qui entre sur scène. Je n'ai jamais vu tant de sobriété : veste blanche sur pantalon noir, guitare à la main, à ses côtés un pianiste à son clavier, pour saluer une inclinaison du buste.

C'est qu'il n'a rien à montrer, Monsieur Bertin, mais il donne tout à voir avec ce qu'il donne à entendre : une voix superbe et une musique faites pour souligner tantôt discrètement, tantôt avec ferveur la pure magie des mots.
C'est cela la poésie : rien à comprendre, tout à sentir, là, dans l'obscurité de la salle.
Comment exprimer la puissance d'évocation que suscitent en moi les chansons de Jacques Bertin ? Elles font jaillir un flot d'images qui toujours me mènent à des émotions profondes. Le charme opère pour qui accepte de se laisser pénétrer.

L'inconnue qui a dit ses larmes sur le livre d'or du récital n'a pas été la seule à pleurer ce soir-là.

Michèle Bastard