Larnod
(récital 1er février 2013)

 

L'Est Républicain
3 février 2013
 

 

 


L’artiste a donné un concert à Larnod
Jacques Bertin revient quand il veut

 

 

Bertin à Larnod
"Je ne suis pas un spécialiste de la chanson politique. En tout cas, je n'aime pas la chanson-slogan."
Photo Ludovic LAUDE

Derniers réglages dans la salle polyvalente de Larnod. Eh bien, le son n’est pas mal du tout. Jacques Bertin fait ses essais de voix, et de guitare. Tiens, son visage a comme un petit air du peintre Charles Belle. Chut… Il fredonne : « Un jour, nous nous embarquerons/Sur l’étang de nos souvenirs/Et referons pour le plaisir/Le voyage doux de la vie ».

Depuis combien de temps le chanteur et poète n’était-il pas venu à Besançon ? Bon, dans son entourage, les avis divergent. Et lui, avec un millier de concerts au compteur, il ne sait plus trop. Ses amis d’ici, la chanteuse Claire, le passionné de théâtre Jean Martin, sont sûrs au moins d’une date. 1973. Année Lip par excellence. Lui avait 27 ans, en ce temps-là.

« À l’époque, j’étais au PSU », confie-t-il. Tiens, comme Piaget ! « Et ce parti avait un journal, qui m’avait embauché, et demandé d’aller voir les Lip. » Eh oui, Bertin fit aussi le journaliste. Entre deux concerts. Il y a 40 ans, il avait lancé une pétition de soutien aux grévistes bisontins, signée spécifiquement par des artistes.

Et il était venu à la « grande marche des 100.000 » (manifestants pro-Lip), en septembre 73. « Tu avais chanté ce jour-là, après la manif, sous un chapiteau à Châteaufarine », lui souffle Jean Martin. C’est bon, les images reviennent dans sa tête…

Le prix Jacques Douai

Quelques mois plus tard, Bertin créait « A Besançon », une mélodie et des mots sur le mouvement dans l’usine de Palente. « Vous vous êtes mis debout/Soudain vous étiez devenu l’espoir du monde/Le premier jour l’un de vous a dit : la grève sera longue/C’est avec les pieds dans la neige que nous finirons. »

Chanteur engagé ? L’expression ne lui convient pas franchement. « Engagé, c’est la moindre des choses… Mais je ne suis pas un spécialiste de la chanson politique. En tout cas, je n’aime pas la chanson-slogan. »

Ce qui lui plaît, c’est « de faire vivre la chanson francophone, et la célébration de l’art de la chanson. » D’où le prix Jacques Douai (en hommage à ce chanteur mort en 2004, qui interpréta les plus grands, Brassens ou Ferré). Prix créé en 2007, et qu’il préside. Il récompense des talents « qu’on n’entend jamais à la radio, ni à la télé », peste-t-il.

Lui aussi est absent des grands médias. Ce qui ne l’empêche pas de garder un public fidèle. Et de revenir à Larnod, ou dans une salle plus grande, à Besançon, quand il veut.



Joël MAMET