JACQUES BERTIN


Buis-les-Baronnies

Le Dauphiné libéré

26 avril 2005

Le chant d'un insoumis

 

Jacques Bertin est venu chanter au Buis sa petite musique tendre et rebelle devant un public de fidèles admirateurs.

Une bonne centaine de spectateurs se sont retrouvé dimanche en fin d'après-midi dans la salle du foyer J.-J. Coupon pour y écouter le chanteur poète. Ils étaient venus de toute la région, d'Aubenas, d'Avignon, de Valence, certains même de Grenoble, d'autres tout simplement des Baronnies… Modeste, frugal, fidèle à ses convictions, loin de l'industrie du "show-business", Jacques Bertin ne tourne plus maintenant que dans des petites salles, accueilli par des amis. Au Buis, c'est Serge Pauthe et ses amis du théâtre école qui l'attendaient, de pied ferme…

Les radios le diffusent avec parcimonie, les télévisions l'ignorent, il s'en moque. Les "Bertiniens" sont toujours là, suffisamment nombreux, fidèles et fervents, qui pour rien au monde ne manqueraient l'un de ses trop rares concerts.

Jacques Bertin, c'est avant tout une voix chaude, profonde, limpide, facile… Une voix qui envoûte, émeut, enflamme. Jacques Bertin chante Jacques Bertin, mais pas seulement. Le poète chante d'autres poètes : Stéphane Goldman, Jacques Douai, Aristide Bruant, Gilles Vigneault, Aragon, Léo Ferré. Certaines chansons sont très connues, d'autres sont parfaitement inédites.

La douleur, la tristesse, la mélancolie se prêtent admirablement à la musique vibrante des cordes de sa guitare. Les textes sont ciselés et pendant près de deux heures, sans que l'on voie le temps passer, les ballades intimistes succèdent aux accents passionnés d'un poète engagé. La douleur, l'éveil du désir amoureux, la fraîcheur d'un visage d'enfant, mais aussi la nostalgie d'un pays perdu, la révolte contre toutes les oppressions, la liberté sur tous les tons, sont parmi ses thèmes favoris. Jacques Bertin est aussi, et peut-être avant tout, un homme de convictions. Insoumis et rebelle, l'auteur, poète, interprète, écrivain, cinéaste chante depuis 35 ans les anciennes luttes et les nouveaux combats. De la Commune au joli mois de mai en passant par la Résistance, il prêche l'insoumission et clôture son tour de chant par Le temps des cerises… Un grand moment !

Alain Bosmans