JACQUES BERTIN
Mardi 26 juillet 1994 | Jacques Bertin, émouvant Dans la nuit bleue d'Avignon, parmi les murs, les arbres et les ombres du cloître du collège d'Annecy, la voix de Jacques Bertin a trouvé le lieu le mieux accordé peut-être à ses couleurs graves et tendres. A l'écouter, en ce samedi 23 juillet, faire "sourdre la nappe phréatique des chansons" et porter, avec son intelligence si rare du phrasé poétique, les mots d'Aragon, Cadou, Bérimont, Nazim Hikmet et de tant d'autres, on se sentait heureux et fier d'être les témoins et les complices d'un des tout derniers chanteurs poètes qui demeurent. Qu'il interprète "l'Affiche rouge" d'Aragon, "la Fleur rouge", chant d'amour à Hélène de René Guy Cadou, ou ses propres textes qui évoquent "les sanglots, les rêves abandonnés dans les prés", "l'écharpe nouée des amitiés qui s'envolent" et toujours l'expérience malmenée, c'est à chaque fois le chant de la ferveur que Bertin fait entendre. Heure d'émotion profonde et de fraternité, le récital s'achève sur l'éternelle poésie du "Temps des cerises". Ou plutôt ne s'achève pas, car qui a entendu un jour la voix généreuse de Jacques Bertin ne l'oublie plus. J-P. S. |