Loi 1901 sur les associations Un numéro hors série Mars 2001 | Surtout, n'y touchez pas (Editorial, par Jacques Bertin)
Ce numéro spécial consacré au centenaire de la loi de 1901 sur la liberté d'association, nous l'avons voulu informatif, bien sûr, un brin polémique, forcément, mais surtout optimiste, résolument. La loi de 1901 n'est ni une loi de contrôle des associations, ni même une loi "autorisant" les associations. Elle proclame (et cette proclamation a, depuis trente ans, force constitutionnelle) ceci : de la même façon que le citoyen a le droit (personne ne le lui donne : il l'a) d'aller et venir, de penser ce qu'il veut et de s'exprimer ou se réunir librement sans demander -et surtout pas à l'État- une autorisation, il a le droit de s'associer sans en référer à quiconque. Cette loi peut être dite fondamentale. Dans la pratique, la loi de juillet 1901 est une immense réussite. Les associations sont partout, actives, râleuses, conviviales, fonceuses, inventives. Cette réussite contredit l'affirmation souvent entendue selon laquelle il n'y aurait que le capitalisme qui encouragerait le goût d'entreprendre. Cette loi est le lieu géométrique d'une bataille, celle de la logique des besoins, des désirs, des idéaux, de l'affect, contre celle du profit. En ce sens, elle est un barrage au tout-argent, à l'absurde prétention de la société marchande à recouvrir tout. Pour nous, l'association la plus à droite est un élément structurant de démocratie, de civisme et une proclamation de la supériorité de l'esprit sur l'argent. Depuis Vichy et depuis Raymond Marcellin, personne en France ne songe plus sérieusement à la modifier pour remettre le droit d'association sous tutelle. Aucune modification de la loi n'est à prévoir dans un avenir proche. Ce qui pourra arriver, c'est que l'État, dans un but de morale publique, contrôle plus -ou mieux- les associations subventionnées, ou invente d'autres systèmes (notamment pour résoudre le problème des fausses associations dites "para-administratives") afin que l'association 1901 garde sa sveltesse. Allez-y avec précaution: cette centenaire est jeune, cette loi est une des réussites de ce pays, une parmi les nombreuses choses "qui marchent". Un seul mot d'ordre: n'y touchez pas. |