![]() Une autre chanson | JACQUES BERTIN Le Grand Bras, les îles... Vingt chansons -dont dix-huit inédites- pour le nouvel album "Velen" de Bertin. Et un titre qui évoque des paysages: de bords de Loire, d'Anjou et d'îles qui sont toujours invites au rêve. Au rêve et aux souvenirs. Que date Bertin: "A la messe du soir, en 1955"; qui répond à Paroisse comme "Deux chansons à placer face à face sur ma cheminée", et Les étudiants au café Rihour, à Lille, en 1967 (où "il y avait l'adorable / Aura de cet ovale blond et délectable"). Toute une époque, et Mai 68 n'était pas loin. Encore que La foi ait évolué avec les années et qu'aujourd'hui elle signifie: "Se préparer toujours se préparer toujours / Etre fidèle" à ces idéaux que l'on s'est choisis. Il est vrai que l'heure n'est pas à la joie. A la réflexion plutôt. Et, Comme il est dur de vieillir quand "même à mes pas l'ombre est vieille", l'évocation des moments comme des amours passés porte à La douleur: "celle d'un roi spectaculaire / Dans un palais immense ( ) aux salles immensément solitaires". Pour ce dire, la voix de Jacques se fait plus grave que jamais, même si l'album se termine par un coup de chapeau de l'ami Bertin à l'oncle Georges avec une Brassensienne qui puise aussi abondamment que joyeusement dans le vocabulaire et les tournures qu'affectionnait l'auteur de la Chanson pour l'auvergnat et des Copains d'abord. Francis Chenot |
![]() Chorus | JACQUES BERTIN Le Grand Bras, les îles... Deux ans et demi après son Hôtel du Grand Retour, Jacques Bertin nous plonge cette fois dans l'ambiance rassérénante d'un "Grand bras" et d'îles situées, nous dit-on, "dans la vallée de la Loire, pays des coteaux du Layon et des poètes". Dans ce dix-huitième album, qui comporte vingt titres dont dix-huit inédits ("A la messe du soir" prolongeant opportunément vingt-cinq ans plus tard "Paroisse", "deux chansons à placer face à face sur ma cheminée", note Bertin), un homme jalonne sa réflexion de repères majeurs ("La foi", "La paix", "L'espérance", "La douleur" ) autour desquels la vie coule. Entre "Etre fidèle au-delà de toute raison / ( ) Se préparer toujours se préparer toujours/ Etre fidèle" ("La foi") et "Tout est vain / ( ) Ne t'en fais pas. Toute chose à la fin fait cendres" ("Le soir"), une poésie de la dialectique se tisse, avec des questions douloureuses ("A quoi bon la bonté même / Si le monde est ce qu'il est?": "Les traces des combats") et de simples constats ("Comme il est dur de vieillir") que des souvenirs un rien amusés tempèrent : "Nous avions vingt ans. Tout est dit." ("Les étudiants au café Rihour, à Lille, en 1967"). Ainsi chante le Bertin 99, dense toujours dans le verbe, mais lyrique surtout dans la voix, sur des musiques en totale osmose (y compris rythmique) avec les textes et arrangées efficacement par Laurent Desmurs, à la tête d'une dizaine de musiciens. Daniel Pantchenko |