Routard.com

mars 2005

Jacques Bertin (Chansons et Poètes)

«Tous les villages disposés comme des perles / Sur la Loire douce à mon cou parfaitement»... Les mots, parfois mystérieux, de Jacques Bertin filent entre les flots de notes telles les barques sur la Loire. Elles sont rares, direz-vous. Oui, tout comme la poésie de ce barde discret installé dans cette région de France où s’élèvent de nombreux et élégants châteaux.

Bertin a commencé à se faire connaître dans les années 1970, époque pendant laquelle la chanson française est encore dominée par de grandes figures comme Léo Ferré. Ce n’est pas faire injure à notre artiste si l’on dit que son travail est proche de celui de l’anarcho-monégasque. Le verbe de Bertin émeut par son lyrisme retenu, soutenu qu’il est par des orchestrations doucement mélancoliques – les cordes y dominent. Peu enclin à se mesurer aux hydres du show-business, le chanteur n’a jamais vu l’une de ses chansons devenir un tube. C’est dommage, même si cela n’a pas vraiment l’air d’avoir jamais été son propos. Être apprécié, comme lui, d’un public conséquent et fidèle qui le suit de décennie en décennie, c’est déjà quelque chose de remarquable.

Judicieusement présent dans l’intéressante collection «Poètes et Chansons» du label EPM, le voilà devenu un classique. On dit souvent que, dans ces régions où coule la Loire, on parle une langue française très pure. Qu’en est-il en vérité ? Une chose est sûre, c’est que Jacques Bertin fait honneur à cette dernière.

 

Michel Doussot

 

Chorus

n° 45 Automne 2003

Jacques Bertin (Chansons et Poètes)

Autre bonne nouvelle : l'arrivée de Jacques Bertin - premier poète vivant - dans ce panthéon de la poésie chantée. Un choix personnel et assumé de Marc Robine ("Un des grands poètes lyriques de notre temps, il serait temps que cela se sache…"). L'auteur de Hôtel du grand retour (cf. Chorus 42, dossier) méritait bien en effet de se trouver là, lui qui n'a jamais eu les honneurs des médias. Pourrait-il du reste en être autrement lorsqu'on conjugue le verbe résister sur tous les modes de la dignité ? Eblouissant.

Serge Dillaz

 


Le Figaro

26 juillet 2003

Jacques Bertin (Chansons et Poètes)

La série "Poètes & chansons", compilée par Marc Robine et François Dacla chez EPM, consacre un beau volume à Jacques Bertin, chanteur rare que l'on a peu de chances d'entendre sur la FM. Ecriture savante, mélodies de crépuscule, voix grave et sombre : les sortilèges de Jacques Bertin ont la saveur fière d'une sorte de chevalerie du verbe et du désespoir. Car son humeur est toujours sombre, attristée, mais ferme, digne, courageuse : désastres amoureux, défaites humaines mais le cœur toujours droit (il faut écouter - et admirer - sa chanson Quand recevrons-nous des renforts, mon âme). Dans une expression voisine de Reggiani ou du Ferré des années 70, il chante ses textes écrits avec une élégance d'un autre temps :
"Je suis comme si un huissier, portant bien haut le candélabre/ En plein jour, dans mon propre cœur, parmi les dunes m'emmenait/ Où je m'enfonce à chaque pas, perdant le souffle sous le masque".

(EPM-Mélodie.)