Chronique républicaine
16 janvier 2015
Louvigné-du-DésertChanson. Jacques Bertin a écrit "Louvigné-du-Désert" en 1970…et y chante ce dimanche
Le chanteur Jacques Bertin raconte l’histoire insolite de sa chanson, Louvigné-du-Désert… où il sera demain dimanche 18 janvier.
C’est l’histoire d’une chanson oubliée. À la fin des années soixante, Jacques Bertin était un chanteur très apprécié. Une valeur montante de ce qu’on n’appelait pas encore la chanson française, mais plutôt la chanson à texte. En 1967, alors qu’il n’avait que 21 ans, son premier 33 tours avait reçu le prix de l’académie Charles Cros, l’une des plus belles récompenses dans le métier. Critiques dithyrambiques pour « un grand chef de file, de ceux qui changent la face de la chanson, comme Trenet il y a trente ans, comme Brassens il y a quinze ans » pouvait-on lire.
Jamais venu… avant
Et voilà qu’au détour des années 70, installé à Paris depuis quelques années après un détour par Lille, le jeune artiste né à Rennes compose Louvigné-du-Désert. La chanson prend place dans son quatrième album, Fête étrange. Drôle de nom pour une chanson consacrée à la nostalgie, « aux amis évanouis, déjà perdus parmi les ombres. » Mais Jacques Bertin se dit encore, aujourd’hui, être séduit par le nom de la commune.
« Moi je suis Rennais d’origine. À l’époque, quand on se rendait au Mont-Saint-Michel, on prenait la route d’Antrain et, à un moment, on voyait un panneau qui indiquait la direction de Louvigné. Je me souviens même qu’il indiquait de prendre sur la droite ! » raconte Jacques Bertin, en souriant de cet indice (signe que l’histoire est vraie !)
« J’avais trouvé ce nom plein de charme. Sur le moment je n’y étais même jamais allé. Depuis je m’y suis arrêté à deux ou trois reprises, je pense, dont une fois pour aller au restaurant. C’était lors de tournées, car dans mon métier on est beaucoup sur la route… Et je n’avais pas été déçu car j’avais trouvé la commune agréable ».
Comme quoi l’entrée de Louvigné-du-Désert dans le panthéon de la chanson française a tenu à peu de chose.
« Je me doute bien qu’on va me la demander… »
La carrière de Jacques Bertin s’est poursuivie en marge de ce qu’on appelait la variété, de ses mirages et de son tintamarre. Il a composé près d’une trentaine d’albums, mais a aussi beaucoup écrit. Pour l’édition (sur le chanteur québécois Félix Leclerc) et pour la presse : il a tenu la rubrique culturelle de l’hebdomadaire de gauche Politis de 1989 à 2000. Quarante ans de vie artistique qui lui valent toujours beaucoup de considération.
Et Louvigné, pendant tout ce temps ? « J’ai chanté ce texte en concert pendant quelques années, puis je l’ai remplacé par d’autres ». Définitivement, ou presque. Car Jacques Bertin sera dimanche à Louvigné, dans le cadre du salon Livres d’(h) ivers. Il y donnera un récital, à 15 h. « Je me doute bien qu’on va me demander cette chanson… » sourit-il. Réponse dimanche.
Propos recueillis par Hervé Pittoni
